Changer de rapport avec les réseaux sociaux.
Comment avoir un usage bénéfique du net ?
Cet article se base sur ma deuxième newsletter, initialement envoyée en mars 2023.
C’est un point de bascule dans mon rapport aux réseaux sociaux, alors je me suis dit que ça serait bien de partager ici les raisons qui m’ont poussées à créer ma newsletter et mon site.
« Comment avoir un usage bénéfique du net ? »
Cette question, je me la suis posée récemment, et si je t’écris à ce sujet, c’est parce qu’elle a changé mon rapport à mon travail créatif.
Il y a peu j’ai regardé une vidéo postée sur la chaine YouTube de Science4all. Il y parle des Facebook files, qui… n’ont pas fait autant de bruit qu’il l’aurait fallu. Son titre ?
« Trafiquant d’humains et marchand de haine #FacebookFiles »
(ça met de l’ambiance, hein ?)
Je donne le lien ici, mais je préfère prévenir qu’elle m’a fait un choc. Ne te sens pas obligé·e de la regarder pour comprendre la suite de ce mail.
Ce qu’il faut en retenir, c’est qu’à moins d’être bien renseigné·e sur le sujet, tu sous-estimes sans doute BEAUCOUP le niveau de cynisme et de malveillance des propriétaires des réseaux sociaux et l’impact de ceux-ci dans notre vie quotidienne.
Pour résumer cette vidéo sur les réseaux sociaux
- L’algorithme de Facebook met volontairement en avant les contenus clivants, agressifs, parfois hors-la-loi…
- parce qu’ils ont constaté que c’était ceux qui permettaient d’avoir le plus de trafic sur leur plate-forme. Les contenus haineux, la radicalisation, les fake news, et même les réseaux de proxénètes y vivent leur meilleure vie.
Note à postériori : En ce moment, on parle beaucoup de Musk et de son salut nazi. Même s’il est le plus tapageur, il n’est pas le seul à être moralement douteux… et dangereux. Cette vidéo et ce texte rédigé il y a près de 2 ans montre bien que cette tendance des RS n’est ni nouvelle ni surprenante.
Bien que des employés aient mesuré ces conséquences négatives et alerté les dirigeants à de nombreuses reprises, aucune mesure n’a été prise. Pourquoi ? Chaque changement proposé aurait diminué la fréquentation du site… et donc l’argent qu’il rapporte.
Bref, les dirigeants de Facebook méritent la taule (mais n’y iront sans doute jamais) et je me retrouve face à un dilemme moral terrible : Si ça n’était que de moi, j’aurais supprimé mes comptes dans la soirée qui suivait le visionnage de cette vidéo.

Oui, mais…
Comment me passer de la vitrine que représente Instagram pour essayer de me faire connaître et vivre de mon travail ?
Malgré leurs défauts, les réseaux sociaux sont un moyen de communiquer avec les autres et de trouver mon lectorat (ça, et les festivals, mais j’en ai peu de prévus).
En créant le Courrier d’Astate en 2023, et plus tard, mon site, j’essaie de court-circuiter ces réseaux sociaux, et de retrouver la promesse qu’ils ne tiennent plus depuis longtemps. Celle de garder contact sans avoir à s’adresser à chaque personne individuellement (et sans être obligé de commenter, pour les timides et autres sous-marins). C’est un début, mais l’ironie, c’est que je devrai passer par ces fameux réseaux sociaux pour la faire connaître… Bref, difficile* d’échapper à ce cercle vicieux.
* Difficile, mais pas impossible ! Si tu veux m’aider, tu peux toujours partager mon site à une ou deux personnes de ton entourage à qui il pourrait plaire.
Écrire une Newsletter, oui, mais pour en faire quoi ?
Les avantages de la newsletter sont nombreux : le contact direct, ne plus dépendre d’une plate-forme qui peut brider notre visibilité ou supprimer notre contenu sans préavis, etc.. Et pour les personnes qui la reçoivent, il y a la promesse de ne pas passer à côté des choses importantes en choisissant leur moment.
Mais, il en existe des milliers, qui peuvent nous noyer autant que les réseaux… C’est la raison pour laquelle j’ai attendu des années avant de me lancer. Je n’avais pas envie de me contenter d’envoyer un simple récapitulatif publicitaire : je voulais apporter davantage.
Tout simplement parce que je me suis désabonnée de la plupart des newsletters. Celles que je reçois encore, je les lis avec attention… parce qu’elles m’apportent quelque chose de spécial.
Dans les newsletters comme pour tout le reste, il y a une surproduction. Comme sur les réseaux sociaux, il faudrait rivaliser pour retenir l’attention, faire toujours plus…
On nous dit qu’il faut remplir l’espace, tenir sa place comme on tient un siège…
Publier même lorsqu’on n’a rien à dire.

En tant que créateur, c’est épuisant, et avilissant. En tant que public, c’est creux et abrutissant.
Je ne veux plus faire ça.
Ça ne correspond à aucune de mes valeurs. Autant je vois l’intérêt d’annoncer les choses importantes, les festivals, les sorties, d’avoir des échanges personnels, autant je n’ai pas envie de faire du remplissage qui pollue internet et le monde réel. Je ne suis pas une « créatrice de contenu » qui n’existe que pour remplir un contenant appartenant à quelqu’un d’autre.
Je me suis rendu compte que cette manière de penser et de produire avait verrouillé ma manière d’utiliser internet, mais aussi ma manière de travailler dans l’ensemble.
Que les choses ne devaient pas obligatoirement fonctionner comme ça… et que ça pouvait commencer par moi.
Sortir de la surproduction
Ma première décision est de faire l’effort conscient de changer mon rapport aux réseaux sociaux, pour cesser de scroller passivement et de gâcher mon temps avec des contenus vides de sens.
À chaque fois que je me laisse piéger, je me dis que je ferais mieux de réfléchir à mes projets, de lire, de téléphoner à une amie, de travailler ou de dormir.
Et maintenant que je sais à quel point ceux à qui mon temps perdu profite sont des pourritures, je suis plus motivée que jamais à reprendre possession de ce temps qui m’appartient.
Le temps que je passe encore sur ces plates-formes, je veux le consacrer à :
- publier ce que je veux publier
- discuter en MP
- consulter des comptes précis
- et je m’en vais
Ça demande de la volonté et un peu de réflexion pour changer ses réflexes, et je n’y arrive pas toujours… mais j’essaie quand même. Je ne veux plus tomber dans le piège du fil infini, publier pour publier, remplir pour remplir.
Chercher la satiété
Quand je regarde une vidéo de vulgarisation bien fichue, un article intéressant, je me sens rassasiée. Je lâche l’écran sans regret et c’est ce genre de choses que je souhaite apporter aux autres.
Il est temps de sortir de ce piège qui me pousse à publier en ligne tout ce que je dessine, qui a contaminé jusqu’à ma manière de travailler, de gérer mon stand. J’ai sorti des livres et des goodies « pour avoir des nouveautés », y compris des choses faites dans l’urgence.
Je réalise maintenant à quel point, sans le vouloir, j’ai adhéré à ce modèle de surproduction. Je me retrouve avec le sentiment que pendant ce temps, je suis passée à côté de ce qui compte
vraiment.
Et il y a deux choses qui comptent pour moi :
- écrire les histoires qui me font vibrer (comme Bras de fer et Par la fenêtre)
- partager des choses qui font du bien et qui rendent le monde meilleur.
Note de l’autrice
Bon, tu l’auras compris, c’est un sujet qui me tient à cœur et qui reviendra plus d’une fois sur ce site. Si tu t’intéresses à la question, cet article te semblera peut-être naïf et mal informé. C’est sans doute le cas : c’était le premier.
Le but de cette rubrique de blog, c’est aussi de garder une trace. De montrer l’évolution de mes réflexions et actions dans cette quête d’éthique et d’alignement avec mes valeurs. Le logiciel libre et l’éthique du net sont des sujets traités surtout par des geeks capables de coder eux-mêmes leur solutions….
Sauf que c’est pas mon cas, et ce n’est pas le cas de la majorité d’entre nous, à tel point que le premier réflexe, c’est de se dire que c’est trop compliqué et insurmontable. Alors voilà, j’ai envie de présenter mon parcours d’utilisatrice lambda et un peu paresseuse pour montrer ce qu’on peut faire, pour s’émanciper sur le net.
Parce qu’il faut bien « commencer par être nul » si on veut s’améliorer.